Le Parlement européen a récemment voté en faveur de la prolongation de l’exonération de péage pour les poids lourds à zéro émission, dans le cadre de la directive Eurovignette. Si cette mesure est validée par le Conseil de l’Union européenne, elle étendra l’exemption actuelle du 31 décembre 2025 au 30 juin 2031. Cette décision s’inscrit dans une stratégie plus large visant à accélérer la transition vers un transport routier décarboné, en cohérence avec les objectifs climatiques de l’UE.
Cette prolongation représente une incitation financière significative pour les entreprises du secteur, qui hésitent encore à investir dans des véhicules zéro émission en raison de leur coût initial élevé. En supprimant les péages et les droits d’usage, l’Union européenne cherche à rendre ces véhicules plus compétitifs face aux modèles thermiques traditionnels.
Cependant, cette avancée est tempérée par une réalité contrastée sur le terrain. À ce jour, seuls quelques États membres ont effectivement mis en œuvre cette exonération : l’Allemagne, l’Autriche, la République tchèque, le Danemark, la Slovaquie et la Slovénie, ainsi que les trois pays appliquant l’Eurovignette — le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suède. Cette disparité révèle un manque de cohérence à l’échelle européenne, qui pourrait freiner l’efficacité globale de la mesure.
L’Union internationale des transports routiers (IRU) salue ce vote comme un signal positif, mais appelle à aller plus loin. Elle recommande notamment que les recettes issues des péages liés aux émissions de CO₂ soient réinvesties directement dans le secteur du transport routier. Ce réinvestissement permettrait de financer des infrastructures adaptées, de soutenir l’innovation technologique et de favoriser l’adoption de carburants alternatifs.
Par ailleurs, l’IRU plaide pour une extension de l’exonération de péage aux véhicules utilisant des biocarburants. Ces derniers, bien que moins médiatisés que les modèles électriques, représentent une solution crédible pour réduire les émissions du transport routier, notamment dans les segments où l’électrification reste complexe. En Allemagne, par exemple, des discussions sont en cours pour prolonger l’exemption de péage accordée aux poids lourds fonctionnant au gaz naturel (GNV), une mesure qui s’ajoute aux aides nationales à l’acquisition de ces véhicules.
L’enjeu est donc double : encourager l’investissement dans des flottes plus propres tout en garantissant une équité de traitement entre les différents types de carburants alternatifs. Pour que cette politique soit pleinement efficace, elle devra s’accompagner d’une harmonisation des pratiques entre États membres et d’un cadre réglementaire clair, garantissant la pérennité des incitations.
La prolongation de l’exemption jusqu’en 2031 est une étape importante, mais elle ne saurait être une fin en soi. Elle doit s’inscrire dans une stratégie globale, intégrant fiscalité verte, soutien à l’innovation et cohérence européenne. Le Conseil de l’UE a désormais la responsabilité de transformer cette proposition en réalité, et de faire du transport routier un levier majeur de la transition écologique.