Depuis le 19 août 2025, une nouvelle étape décisive a été franchie dans la régulation du transport routier européen : tous les poids lourds immatriculés dans l’Union européenne et circulant à l’international doivent désormais être équipés du tachygraphe intelligent de deuxième génération, version 2 (G2V2). Cette obligation marque la fin d’un processus de transition entamé en 2023, visant à remplacer les anciens dispositifs analogiques, numériques ou même les premiers modèles intelligents (G2V1), jugés insuffisants pour répondre aux exigences actuelles de traçabilité et de contrôle.
Ce changement réglementaire s’inscrit dans le cadre du Paquet Mobilité de l’UE, qui vise à renforcer la sécurité routière, améliorer les conditions de travail des conducteurs et lutter contre les pratiques de cabotage illégal et de détachement abusif. Le G2V2, bien plus qu’un simple outil de mesure du temps de conduite, devient un véritable assistant numérique embarqué. Il enregistre automatiquement les passages de frontières, les périodes de chargement et de déchargement, et permet aux autorités de consulter à distance les données du véhicule, sans avoir à l’arrêter.
Parmi les nouveautés techniques, on note l’intégration d’un GPS en temps réel, une capacité de stockage étendue à 56 jours, une interface Bluetooth pour les saisies manuelles, et une sécurisation du signal GNSS via la technologie OSNMA. Ces fonctionnalités permettent non seulement une meilleure conformité aux règles européennes, mais aussi une réduction significative des erreurs humaines et des possibilités de fraude.
La mise en œuvre de cette réforme n’a pas été sans difficulté. En décembre 2024, de nombreux transporteurs ont été confrontés à des retards dans la mise à niveau de leurs équipements, entraînant une paralysie temporaire de certaines opérations internationales. Face à cette situation, l’Union Internationale des Transports Routiers (IRU) a obtenu un délai de grâce jusqu’au 28 février 2025, permettant aux entreprises de finaliser leur transition.
Mais l’évolution ne s’arrête pas là. À partir du 1er juillet 2026, ce sont les véhicules utilitaires légers (VUL) de plus de 2,5 tonnes, utilisés pour le transport international ou le cabotage, qui devront à leur tour être équipés d’un tachygraphe intelligent G2V2. Cette extension de la réglementation à un segment jusqu’ici moins encadré vise à harmoniser les règles du jeu entre les différents types de transporteurs et à garantir une concurrence plus équitable.
Les entreprises concernées devront anticiper cette échéance en formant leurs conducteurs, en adaptant leurs outils de gestion de flotte, et en planifiant les installations auprès d’ateliers agréés. Des exemptions existent toutefois pour certains véhicules à usage non commercial ou liés à des activités artisanales, mais elles restent limitées et soumises à des conditions strictes.
L’obligation du tachygraphe intelligent G2V2 représente bien plus qu’une contrainte technique : elle incarne une volonté politique de moderniser le secteur du transport routier européen, en le rendant plus transparent, plus sûr et plus respectueux des droits des travailleurs. Une étape vers la cabine sans papier, annoncée pour 2030, et un signal fort envoyé à tous les acteurs du secteur : l’avenir du transport est numérique, connecté et réglementé.