Sécurité routière : pourquoi l’État réintroduit le flash lumineux sur les radars

Actualité du 08/12/2025

Depuis plusieurs années, les automobilistes avaient pris l’habitude de ne plus voir le fameux flash des radars. Depuis 2019, avec l’arrivée des radars tourelles Mesta Fusion 2, la technologie infrarouge avait remplacé le flash visible, rendant la prise de vue totalement indétectable à l’œil nu. Cette évolution, amorcée dès 2013 avec les voitures radars banalisées, visait à renforcer la dissuasion en créant un sentiment de surveillance permanente. Résultat : des millions d’infractions constatées sans que les conducteurs s’en aperçoivent, jusqu’à la réception du PV dans la boîte aux lettres.

Mais cette logique répressive arrive à un tournant. Le Département du contrôle automatisé (DCA), rattaché au ministère de l’Intérieur, prépare un changement majeur : la réintroduction d’un signal lumineux pour notifier l’infraction en temps réel. Autrement dit, le flash visible va faire son grand retour sur les routes françaises dès 2026. Cette mesure concerne non seulement les futurs radars urbains que les maires pourront installer dans le cadre de la loi 3DS, mais aussi les 1 552 radars tourelles déjà en service, les radars discriminants et les cabines fixes existantes. À terme, ce dispositif pourrait équiper des milliers d’appareils supplémentaires.

Pourquoi ce revirement ? Officiellement, il s’agit de redonner une dimension pédagogique à la sanction. Les autorités estiment qu’informer immédiatement le conducteur de son infraction favorise la prise de conscience et la prévention, plutôt que la surprise d’un PV reçu plusieurs jours plus tard. Cette approche répond aussi à une demande sociale : selon des sondages, une majorité d’automobilistes souhaite être avertie sur-le-champ. Le flash visible ne sera toutefois pas identique à celui des anciens radars : il devra être suffisamment perceptible pour signaler l’infraction, sans éblouir ni provoquer de freinage brutal. Pour éviter toute gêne, son déclenchement interviendra après la prise de vue infrarouge.

Ce retour s’inscrit dans un contexte de modernisation massive du parc de radars. D’ici 2030, la France prévoit l’installation de 5 000 radars urbains supplémentaires, en plus des dispositifs existants. Ces nouveaux appareils seront bien plus sophistiqués : dopés à l’intelligence artificielle et équipés de caméras haute définition, ils pourront détecter jusqu’à 15 infractions simultanément, du franchissement de feu rouge à l’usage du téléphone au volant, en passant par le non-port de la ceinture ou le non-respect des distances de sécurité. Les radars tourelles Mesta Fusion 2, déjà capables de surveiller huit voies et de suivre plus de 100 véhicules en même temps, resteront au cœur de ce dispositif.

Pour l’État, l’enjeu est double : améliorer la sécurité routière et maintenir des recettes substantielles. En 2026, les amendes issues des radars devraient rapporter près de 693 millions d’euros, un chiffre en hausse par rapport aux années précédentes. Cette manne financière alimente les débats sur la finalité réelle de ces équipements : outil pédagogique ou machine à PV ? Quoi qu’il en soit, la tendance est claire : la route française entre dans une ère de contrôle plus visible, mais aussi plus intrusif, avec des technologies capables d’analyser le comportement des conducteurs en temps réel.

En résumé, fini le « pas vu, pas pris ». Dès 2026, le flash lumineux redeviendra un signal fort sur nos routes, symbole d’une stratégie qui mêle prévention, transparence et surveillance accrue. Reste à savoir si cette évolution apaisera les tensions entre automobilistes et pouvoirs publics… ou si elle renforcera le sentiment d’un contrôle omniprésent.

 

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