Pourquoi le prix du carburant grimpera dès janvier : le rôle des CEE expliqué

Actualité du 28/11/2025

À partir du 1er janvier 2026, les automobilistes français devront faire face à une augmentation des prix à la pompe estimée entre 4 et 6 centimes par litre. Cette hausse ne provient ni d’une flambée du pétrole ni d’une révision des taxes traditionnelles, mais d’un mécanisme moins connu : les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE). Ce dispositif, instauré en 2005, impose aux fournisseurs d’énergie – carburants, gaz, électricité – de financer des actions visant à réduire la consommation énergétique nationale.

Un décret publié fin octobre 2025 marque le début de la sixième période des CEE, qui s’étendra de 2026 à 2030. L’objectif global d’économies d’énergie a été relevé de manière significative : l’enveloppe annuelle passe de 6 à 8 milliards d’euros, soit une hausse de près de 30 %. Les énergéticiens doivent justifier des volumes d’économies d’énergie exprimés en kilowattheures cumac, sous peine de pénalités financières très lourdes.
En pratique, ces coûts supplémentaires sont largement répercutés sur les consommateurs. Aujourd’hui, les CEE représentent environ 11 centimes par litre de carburant. Dès janvier, cette part grimpera à 16 ou 17 centimes, ce qui se traduira par un surcoût de 1,25 à 1,50 euro pour un plein moyen. Pour un automobiliste parcourant 15 000 km par an, la facture annuelle pourrait augmenter de 75 à 90 euros.

Le gouvernement minimise l’impact en parlant d’un « effet marginal », mais la Cour des comptes qualifie ce dispositif de « quasi-taxe » sur la consommation d’énergie. En moyenne, il coûte déjà 164 euros par ménage par an, dont 76 euros pour les carburants, 84 euros pour le gaz et 56 euros pour l’électricité. Cette hausse intervient dans un contexte économique tendu, où le pouvoir d’achat des ménages est déjà fragilisé par l’inflation.

Les associations d’automobilistes, comme 40 Millions d’Automobilistes, dénoncent une mesure « incompréhensible » et « déconnectée de la réalité ». Elles rappellent que la crise des Gilets jaunes avait été déclenchée par une hausse de quelques centimes sur les carburants. Pour elles, cette décision risque d’aggraver la fracture entre les politiques publiques et les contraintes du quotidien : cinq ou six centimes en plus par litre, c’est énorme pour des millions de Français qui n’ont aucune alternative à la voiture.

Le gouvernement justifie cette orientation par la nécessité de financer la transition énergétique sans recourir aux deniers publics. Les CEE permettent de soutenir des programmes comme la rénovation thermique des logements, le remplacement des chaudières ou encore le bonus écologique pour les véhicules électriques. Mais cette logique soulève une question : la transition énergétique doit-elle être financée par une hausse indirecte des prix de l’énergie, au risque de pénaliser les ménages les plus dépendants de leur voiture ?

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