Alors que la SNCF avait anticipé les violentes intempéries en suspendant son trafic sur une cinquantaine de départements, les conducteurs routiers, eux, se sont retrouvés en première ligne, exposés à la brutalité d’une tempête d’une rare intensité. Mercredi 25 juin, en fin d’après-midi, une onde orageuse d’une ampleur exceptionnelle a balayé la France, du Sud-Ouest jusqu’aux Hauts-de-France, transformant les axes routiers en véritables pièges à ciel ouvert.
Dans l’Allier, les rafales ont atteint jusqu’à 135 km/h à Montbeugny, couchant une soixantaine de platanes sur la nationale 7. Des camions se sont retrouvés piégés entre les troncs, nécessitant l’intervention conjointe des sapeurs-pompiers, des agents de la DIR et même d’agriculteurs venus avec leurs tronçonneuses pour dégager les voies. Plus au nord, à Bailleul-le-Soc dans l’Oise, des vents records de 140 km/h ont été enregistrés, équivalents à ceux d’une tempête hivernale majeure.
Les conséquences ont été multiples : routes coupées, lignes électriques arrachées, toitures envolées, et surtout, des milliers de routiers contraints de s’arrêter en urgence, parfois sans abri ni assistance immédiate. Dans le Centre-Val de Loire, 29 routes ont été fermées à la circulation, et plus de 9 000 foyers ont été privés d’électricité dans le Loir-et-Cher. À Blois, la basilique Notre-Dame-de-la-Trinité a perdu une partie de sa toiture, tandis que des arbres centenaires ont été déracinés dans la forêt de Boulogne.
Le phénomène météorologique observé s’apparente à un "derecho", une configuration orageuse redoutée pour sa linéarité et la violence de ses vents. Ce type d’événement, encore rare en France, tend à se multiplier sous l’effet du réchauffement climatique. En une seule journée, plus de 70 000 éclairs ont été enregistrés sur le territoire, faisant du 25 juin la journée la plus foudroyée de l’année.
Les routiers, souvent oubliés dans les bilans de crise, ont pourtant été parmi les plus exposés. Contraints de poursuivre leur mission malgré les alertes météo, ils ont affronté des conditions extrêmes : visibilité nulle, routes inondées, GPS inopérants à cause des coupures internet, et parfois même des accidents mortels. En Mayenne, un chauffeur a perdu la vie après avoir percuté un arbre tombé sur la chaussée.
Face à cette situation, plusieurs syndicats de transporteurs appellent à une meilleure coordination entre les services météorologiques, les autorités locales et les entreprises de logistique. Ils réclament notamment des protocoles d’arrêt d’urgence pour les poids lourds, ainsi que des zones de repli sécurisées en cas d’alerte orange ou rouge.
Ce nouvel épisode climatique extrême, qui a également causé la mort d’un adolescent dans le Tarn-et-Garonne, relance le débat sur la résilience des infrastructures françaises et la protection des professionnels de la route. Alors que les experts s’accordent à dire que de tels événements deviendront plus fréquents, la question n’est plus de savoir si cela se reproduira, mais quand.