L'état des routes en France est un facteur dans plus d'un accident sur deux

Actualité du 11/07/2025

La France, autrefois modèle en matière d’infrastructures routières, voit aujourd’hui son réseau se détériorer à un rythme inquiétant. Ce déclin n’est pas sans conséquence : selon plusieurs études, l’état des routes serait impliqué dans près de 30 % des accidents mortels , et jusqu’à plus d’un accident corporel sur deux selon certaines associations d’usagers. Ce constat alarmant met en lumière une réalité trop longtemps ignorée : la sécurité routière ne dépend pas uniquement du comportement des conducteurs, mais aussi de la qualité des infrastructures.

Le réseau routier français est l’un des plus denses d’Europe, avec plus d’un million de kilomètres de voirie. Pourtant, près de 19 % des routes nationales non concédées sont aujourd’hui en mauvais état, tout comme 10 % des routes départementales et des ponts communaux . Ce vieillissement accéléré est aggravé par les effets du changement climatique : vagues de chaleur, précipitations extrêmes et gonflement des sols fragilisent davantage les chaussées.

Autrefois en tête du classement mondial du World Economic Forum pour la qualité de ses routes, la France a chuté à la 18e place en 2019. Cette dégringolade reflète une baisse continue des investissements dans la maintenance du réseau. Entre 2007 et 2017, un audit a révélé un sous-investissement chronique de l’État. Et si les collectivités territoriales ont depuis repris une partie de l’effort, les moyens restent insuffisants face à l’ampleur des besoins.

En Île-de-France, par exemple, la Direction des routes (DiRIF) consacre environ 200 millions d’euros par an à l’entretien et à l’exploitation de son réseau, qui comprend 1 100 km de routes, 25 tunnels et près de 2 000 ouvrages d’art. Ce budget, bien que conséquent, ne permet pas de rattraper le retard accumulé. À l’échelle nationale, l’Union Routière de France estime que l’effort financier global pour les routes a diminué de plus de 10 % depuis 2012.

La décentralisation progressive de la gestion des routes, désormais partagée entre communes, départements et régions, complique encore la situation. Si certaines régions comme le Grand Est annoncent des investissements ambitieux (92 millions d’euros pour moderniser leur réseau), d’autres, comme l’Occitanie, renoncent à reprendre certaines routes nationales, faute de garanties financières suffisantes.

Face à cette situation, la Cour des Comptes appelle à une refonte de la stratégie d’entretien, en insistant sur l’importance de la maintenance préventive. Elle alerte également sur le risque d’une « dette grise » : un passif invisible mais croissant, qui pourrait à terme nécessiter des investissements massifs pour éviter l’effondrement du réseau.

La sécurité des usagers dépend donc d’un engagement fort et durable des pouvoirs publics. Il ne s’agit plus seulement de réparer des nids-de-poule ou de repeindre des marquages au sol, mais de repenser en profondeur la gestion et le financement de notre patrimoine routier. Car chaque euro économisé aujourd’hui sur l’entretien des routes pourrait coûter bien plus cher demain, en vies humaines comme en dépenses publiques.

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