Autoroutes françaises : une baisse historique de la mortalité routière en 2024

Actualité du 05/09/2025

L’année 2024 marque un tournant dans la sécurité sur les autoroutes françaises. Selon le dernier rapport de l’Association française des sociétés d’autoroutes (Asfa), 129 personnes ont perdu la vie sur le réseau concédé, soit une baisse significative de 53 décès par rapport à 2023. Ce recul, bien que réjouissant, ne doit pas masquer les signaux d’alerte persistants concernant les comportements à risque des usagers.

Parmi les victimes, on compte 7 conducteurs routiers et 2 agents d’intervention, des chiffres en nette diminution sur une décennie. En 2015, 18 chauffeurs de poids lourds avaient trouvé la mort sur les autoroutes. Cette amélioration peut être attribuée à une meilleure formation, à l’évolution des équipements de sécurité embarqués, et à une sensibilisation accrue des professionnels du transport. Toutefois, cette baisse pourrait aussi refléter un déplacement du risque vers les routes secondaires, de plus en plus empruntées par les transporteurs français pour des raisons économiques. Or, ces axes ne bénéficient pas du même niveau de surveillance ni d’infrastructures sécurisées, et les données sur la mortalité y sont encore trop lacunaires.

Le rapport met également en lumière une tendance inquiétante : la mortalité des piétons sur autoroute a triplé en dix ans. En 2024, 12 personnes ont été tuées en marchant sur les voies, souvent après être sorties de leur véhicule en panne ou accidenté. Plus d’un tiers d’entre eux circulaient à pied sans gilet de sécurité, malgré les campagnes de prévention et l’obligation réglementaire. Ce chiffre interroge sur l’efficacité des messages de sensibilisation et sur la nécessité de renforcer les contrôles et les sanctions.

Les causes des accidents mortels restent globalement inchangées, mais leur répartition révèle des évolutions préoccupantes. L’alcool, les drogues et certains médicaments sont impliqués dans 35 % des cas, suivis de la vitesse excessive (20 %), de la présence de piétons (20 %), de la somnolence (19 %) et de l’inattention (14 %), souvent liée à l’usage du téléphone ou des systèmes embarqués. À cela s’ajoute une hausse notable des cas de contresens et de recul sur les voies rapides, représentant désormais 10 % des accidents mortels. Ces comportements traduisent une perte de repères ou une méconnaissance des règles de circulation, parfois accentuée par la fatigue ou la barrière de la langue chez les conducteurs étrangers.

Ces derniers, d’ailleurs, sont plus enclins à utiliser le réseau autoroutier, leurs employeurs pouvant absorber les coûts de péage grâce à des charges salariales plus faibles. En revanche, certains grands groupes étrangers n’hésitent pas à orienter leurs chauffeurs vers les routes nationales pour réduire les coûts, au détriment de la sécurité. Ce phénomène, difficile à quantifier, mérite une attention particulière des pouvoirs publics.

Si le bilan 2024 est globalement positif, il ne doit pas conduire à un relâchement. La baisse du nombre de tués est encourageante, mais elle doit s’accompagner d’une vigilance accrue sur les comportements à risque, d’une meilleure protection des piétons, et d’une analyse approfondie des accidents sur les routes secondaires. La sécurité routière est un chantier permanent, où chaque progrès doit être consolidé par des mesures concrètes et une volonté politique forte.

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